Demande de retrait du projet de loi 40
Le président de la Commission scolaire des Hauts-Cantons, Yves Gilbert, accompagné des présidents de toutes les commissions scolaires de la région, a exigé du gouvernement Legault qu’il retire son projet de loi 40 abolissant les commissions scolaires et lui demande de mener une vaste consultation sur cette question. « On ne répare pas quelque chose qui n’est pas brisé. Le monde de l’éducation a des défis beaucoup plus urgents à relever que de brasser des structures pour des motifs idéologiques. Parmi les choses urgentes à faire, c’est de réinvestir dans l’éducation, de réparer nos infrastructures et de travailler à la réussite éducative des élèves. »
Le président de la Commission scolaire anglophone Eastern Township, Michael Murray, est aussi fort mécontent du contenu de ce projet de loi 40 : « Le ministre de l’Éducation crée non seulement deux classes de citoyens, les citoyens francophones et anglophones, avec son projet, mais il va créer de nouveaux problèmes dans le monde des écoles pour des motifs purement idéologiques. »
Pour sa part, le président de la Commission scolaire des Sommets, Jean-Philippe Bachand s’inquiète des répercussions de ce projet de loi dans la dynamique locale et régionale. « Par le projet de loi 40, le gouvernement Legault s’inscrit dans la tradition des gouvernements centralisateurs du Québec qui, au fil des ans, ont aboli les CRÉÉ, les Régies régionales de la Santé et aujourd’hui, il s’apprête à abolir les commissions scolaires. Il se donne en plus de multiples pouvoirs, afin de centraliser les décisions en éducation dans son bureau, comme il l’a fait en imposant à toutes les écoles deux recréations de 20 minutes par jour, sans tenir compte des particularités rurales ou urbaines, ni se soucier de la capacité des milieux concernés à se conformer à cette exigence décidée un week-end par le ministre avec ses amis. Je m’inquiète aussi de la lourdeur du processus électoral mis en place par le ministre pour remplacer les commissaires scolaires. Non seulement cela ne sera pas efficace, mais ça risque d’être moins représentatif que les élections actuelles au suffrage universel. Je suis loin d’être certain de l’exactitude des chiffres du ministre sur le coût des élections scolaires au Québec. Il doit avoir fait ces calculs de la même façon que les coûts estimés des maternelles 4 ans. »
Pour sa part, le président de la Commission scolaire de la Région-de-Sherbrooke, Gilles Normand, s’inquiète de tous les efforts mis en place par les commissions scolaires pour la réussite éducative des élèves, notamment tous les efforts de concertation mis de l’avant dans la région sherbrookoise en matière de décrochage scolaire. « Dans la nouvelle structure scolaire, ce sont les directeurs généraux qui agiront comme porte-parole de la structure régionale scolaire. Auront-ils autant le temps que des commissaires élus dans la dynamique régionale et profiteront-ils d’un aussi bon réseau que les commissaires actuels? Permettez-moi d’en douter. »
En terminant, monsieur Yves Gilbert affirme que « les commissions scolaires ne sont pas opposées à toutes réformes de la gouvernance scolaire à l’échelle locale et régionale, mais elles tiennent à préserver la décentralisation des pouvoirs vers les communautés locales et régionales. Elles dénoncent une réforme qui vise à centraliser toutes les décisions autour du ministre, comme ce qui est arrivé dans le domaine de la santé et des services sociaux. Il faut défendre nos régions et leur autonomie contre le pouvoir centralisé de Québec. En plus, je dénonce le mépris du ministre envers les commissaires scolaires au Québec. On m’a appris à l’école que le respect était une valeur importante pour la vie en société. »
En Estrie, la Commission scolaire de la Région-de-Sherbrooke, la Commission scolaire des Hauts-Cantons, la Commission scolaire des Sommets et la Commission scolaire Eastern Townships ont convenu d’adopter une position commune. Monsieur Yves Gilbert, le président de la Commission scolaire des Hauts-Cantons, a été désigné comme porte-parole francophone, alors que le président de la Commission scolaire Eastern Townships, Michael Murray, agira comme porte-parole anglophone.